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JEANNE DE PETRICONI

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ASPHODÈLE

(2018)

 

 

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ASPHODÈLE
JEANNE DE PETRICONI

Galería Magda Bellotti, Madrid
8 de febrero – 23 de abril de 2018


I was cheered
when I came first to know
that there were flowers also
in hell

–Asphodel, That Greeny Flower (William Carlos Williams, 1955)

 

En el canto XI de la Odisea, Ulises desciende a los Infiernos y habla con Aquiles de la guerra, de la muerte, de la vida. Ambos se encuentran sobre un prado de asfódelos. El asfódelo, de raíces dulces y flores blancas en racimo, es una planta salvaje, la única capaz de sobrevivir en el Más Allá homérico. Será la planta de los muertos, su alimento, la intermediaria entre los dos mundos.

En Córcega, el asfódelo ha cubierto durante siglos los lugares de enterramiento. Fue también alimento, planta medicinal y soporte para el fuego de las casas, con llamas vivas y duraderas. Juega además un papel central en el contexto de los ritos funerarios, dentro de la construcción ritual de la noción de mazzerismo, ligada al chamanismo. Por las noches, hombres y mujeres mazzeri de distintas regiones corsas cazan animales que representan a personas conocidas, y combaten entre sí con ramas de asfódelo en un territorio intermedio entre la realidad y el sueño. Anteriores a Homero, los mazzeri corsos intuyen en los ojos de los animales muertos la muerte de mujeres y hombres próximos, que morirán entre tres días y año después de la cacería onírica.

Esta muestra aísla y cuestiona la imagen específica del asfódelo, que concentra a modo de encrucijada toda una codificación cultural ligada a la muerte; la piensa desde su literalidad hasta su condición de símbolo, violenta sus dimensiones, la despieza y la evidencia en nuestra memoria como construcción artificial. En la línea que exploran las anteriores esculturas de Jeanne de Petriconi, cada una de las piezas que componen esta planta real e imaginaria es el punto de partida para nuevas formas susceptibles de dar lugar a nuevos relatos míticos, obligando a pensar el proceso de producción de símbolos culturales a partir de fragmentos de nuestra realidad cotidiana.

La propuesta se estructura alrededor de una pieza central: una escultura totémica formada por raíces bulbosas de asfódelo, de tamaños imposibles, que atraviesan el techo hacia la luz, convirtiendo la galería en cámara funeraria. En su interior, un racimo hipertrofiado de sus flores blancas yace en el suelo a modo de ofrenda. Y como eco de la pintura mural con instrucciones sobre las etapas a superar al pasar al otro lado, la imagen del asfódelo como llave entre ambos mundos es descompuesta en teselas discontinuas, que llevan esta imagen hacia la abstracción. Esta articulación de una cierta frontera porosa entre realismo y abstracción irradia todas las piezas, heredera de otras posibles transiciones poéticas entre los dos mundos, el conocido y el imaginado, fijadas desde la Antigüedad.

Asphodèle se presenta como un preludio del proyecto Passeghji, una exposición de escultura y videoarte dedicada a los ritos funerarios corsos que ocupará toda la planta baja del Museo de Bastia (Córcega) entre julio y diciembre de 2018, realizada junto al cineasta y videoartista madrileño Guillermo G. Peydró.

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Dans le chant XI de l'Odyssée, Ulysse descend aux enfers et parle avec Achille de la guerre, de la mort, de la vie. Tous deux se retrouvent sur une plaine d'asphodèles. L'asphodèle, aux tubercules doux et aux hampes florales blanches est une plante sauvage, l'unique capable de survivre dans l'au-delà homérique. Elle sera la plante des morts, leur aliment, l'intermédiaire entre les deux mondes.

En Corse, l'asphodèle a couvert pendant des siècles les sépultures. Il a été nourriture, plante médicinale et a servi de torche durant les processions et pour s'éclairer dans les demeures, procurant une lumière vive et durable. Il tient également un rôle central dans le contexte des rites funéraires, et dans les pratiques rituelles entourant la notion de mazzérisme, liée au chamanisme. Durant la nuit, hommes et femmes mazzeri de diverses régions de Corse chassaient des animaux, au travers les yeux desquels leurs apparaissaient la vision de personnes familières qui allaient décéder dans les trois jours à un ans après la chasse onirique. Antérieurs à Homère, les mazzeri corses combattent pendant la nuit du 31 juillet au 1er août, avec des tiges d'asphodèles sur un territoire intermédiaire entre rêve et réalité.

Cette exposition isole, et questionne l'image spécifique de l'asphodèle qui croise et concentre toute une codification culturelle liée à la mort ; la pense depuis son aspect littéral jusqu'à sa condition de symbole, violente ses dimensions, la dépèce et la met en évidence dans notre esprit comme une construction artificielle. Dans la ligne qu'explorent les sculptures antérieures de Jeanne de Petriconi, chacune des pièces qui composent cette plante réelle et imaginaire est le point de départ de nouvelles formes susceptibles de donner lieu a de nouveaux récits mythiques, obligeant à penser le processus de production de symboles culturels à partir de fragments de notre réalité quotidienne.

La proposition se structure autour d'une pièce centrale : une sculpture-installation totémique formée de tubercules d'asphodèle de tailles impossibles, qui traversent le plafond vers la lumière, convertissant la galerie en chambre funéraire. À l'intérieur, une inflorescence hypertrophiée de ses fleurs blanches est répandue au sol à la façon d'une offrande. Comme écho à la peinture murale avec instructions sur les étapes à franchir pour le passage vers l'au-delà, l'image de l'asphodèle comme clé entre les deux mondes est décomposée en tesselles discontinues qui la mènent vers l'abstraction. Cette articulation d'une frontière poreuse entre réalisme et abstraction irradie toutes les pièces, héritière d'autres possibles transitions poétiques entre les deux mondes, le connu et l'imaginé, fixées depuis l'Antiquité.

Asphodèle se présente comme un prélude au projet Passeghji, une exposition de sculptures et d'art vidéo dédiée aux rites funéraires corses qui occupera tout un niveau du Musée de Bastia (Corse) du 6 juillet au 23 décembre 2018, réalisée avec le cinéaste et vidéaste madrilène Guillermo G. Peydró.